#1 Postuma Ofranda

Alexia Carmona use de son matériau de prédilection, le fil de fer de vigne qu’elle manie, tord et métamorphose avec talent, au gré de ses réflexions et de ses inspirations artistiques. Elle nous interpelle, ici, à travers l’histoire et son histoire, tout en finesse et subtilité, sur notre propre vision de l’enfermement… « Postuma Ofranda » une lettre posthume en filigrane, catharsis donnant vie aux dernières sculptures qu’expose Alexia Carmona, sculpteur… Une lettre à l’écriture serrée, celle, poignante de vérité de Juan Carmona, le grand-père paternel de l’artiste. A l’âge de 34 ans, il sera enfermé 7 ans dans les geôles madrilènes sous le régime de Franco, et condamné à la peine de mort, pour ‘adhésion à la rébellion militaire’ en 1945.

Plus qu’un hommage : un témoignage. Et un véritable questionnement sur toute forme d’enfermement, sur les pouvoirs arbitraires qui traversent les siècles et les sociétés, qui réduisent l’humain, l’écrasent et le broient. Comment sortir de la cage de l’enfermement ? C’est à cette réflexion que nous conduisent ces quatre silhouettes ténues, fragiles, comme suspendues, emprisonnées dans des colonnes cubiques aux lignes brutes et fermées. Le fil de fer est ici l’unique fil conducteur, pour évocation de cette extrême fragilité qui retient et relie à la Vie, quand il ne reste comme horizon qu’une ombre de soi-même.

 


 

#2 ! UTOPIE ?

A la question que l’on posait à Théodore Monod, ce spécialiste du désert et chercheur d’Absolu, s’il était possible d’être scientifique et utopiste à la fois, il répondait : « L’Utopie ne signifie pas l’irréalisable, mais l’irréalité. L’Utopie d’hier peut devenir la réalité d’aujourd’hui ». Il résumait ainsi ‘grammaticalement’ son point de vue sur l’Utopie. Et qu’en est-il de la perception des artistes, eux-mêmes chercheurs devant l’Absolu ?

C’est à cette interrogation que se soumet Alexia Carmona, artiste sculpteur, devant cet impossible rendu possible aujourd’hui à la Villa Sycomore. L’installation vivante a émergé ICI dans cet espace brut, un ‘grenier’ laissé dans son jus pour ne pas lisser la vérité du lieu, qui épouse ici, comme par magie, cette sculpture en 3D. Immersive, éphémère, et composée de fils de textiles blancs, structurant l’espace de ces ombres et de cette silhouette.

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#3 ‘Filage’ au fil architectural

C’est l’histoire, dans un jardin, d’une installation immersive et éphémère en fils de textile blancs, comme pour mieux faire résonner l’histoire et l’esprit du lieu. L’investir aussi, le structurer, de manière variable et rectiligne, presque mathématique.
Ici, ce sera un jardin. A venir bientôt, dans un autre lieu, pour un autre temps, une place publique… De ce ‘filage’, ainsi que l’artiste sculpteur Alexia Carmona se plaît à définir le geste, est née une composition architecturale, structurée et aérienne, avec le fil, toujours, pour toile de fond… Car Alexia Carmona est une chercheuse. Pour cette installation, elle a délaissé le fil de fer de vigne qui compose habituellement ses sculptures pour structurer l’espace, l’habiter, le remplir d’une vision toute personnelle et poétique. Et ajouter une plénitude intemporelle à un espace naturel qui en abonde déjà. Pour elle, c’est une évidence que de renouer avec ses premières amours : le dessin et l’architecture. L’intention de ce ‘filage’ trouve en effet son origine dans un crayonné ; du papier à l’espace, il n’est qu’un pas, désormais franchi. Le dessin prend son essor et du volume dans ce jardin transformé de fils de textile. Blancs. Lumière de toutes les couleurs.
Pari osé que cette sculpture en 3D. De là où se situe le spectateur, la vision est subjective, tour à tour changeante. Différente. Tableau à géométrie variable, oeuvre architecturale, scénographie autour d’un jardin ? Toute une perspective qui ne laisse en aucun cas indifférent. Catherine Bécam